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FESTIVAL. Organisées sur le site spectaculaire de la
presqu'île de Malsaucy, les Eurockéennes convient une quarantaine de
groupes internationaux, dont une forte cohorte de musiciens metal.
Tête d'affiche de l'événement, Trent Reznor, leader de Nine
Inch Nails, y donnera l'un de ses très rares concerts européens.
Interview de ce précurseur du rock industriel
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Dans
l'ombre et la dépression, Nine Inch Nails a façonné sa plus belle
carapace Michel
Masserey Mercredi 5 juillet 2000
Tendu,
sombre, torturé: les qualificatifs douloureux pleuvent à la simple
évocation de Trent Reznor. En dix ans de carrière au sein de Nine
Inch Nails, sa brûlante création musicale, l'Américain n'a eu de
cesse de visiter les territoires les plus inhospitaliers. Chanteur
adepte d'une introspection souvent suicidaire, Trent Reznor a évoqué
au fil d'albums alliant expérimentation sonore et agression
industrielle des sentiments bruts et essentiels. Chaque nouvelle
aventure musicale entreprise par l'artiste s'est soldée par une
plongée plus profonde dans les abysses d'une psyché toujours plus
tourmentée. Après des débuts électro-dub orchestrés en collaboration
avec le producteur dub Adrian Sherwood, Trent Reznor a ainsi plombé
sa machine sonore, composant coup sur coup Fixed et Broken, deux
disques frères lançant les bases du mouvement industriel américain,
incarné par des groupes tels Prick ou Marilyn Manson. Des formations
que le musicien signa par la suite sur son propre label Nothing
Records. Plus qu'une simple écurie de chevaux métalliques
indomptables, cette maison de disques se veut la vitrine américaine
d'artistes européens novateurs, boudés par les grosses majors
régissant le marché outre-Atlantique. En commercialisant les albums
d'Einstürzende Neubauten, de Coil ou de The The, Nothing Records a
permis au public américain de découvrir les précurseurs et les
inspirateurs du son développé par NIN. Un son qui, dans le nouvel
album The Fragile, prend une ampleur insoupçonnée. Ce double album
ambitieux et enflammé alterne fulgurances métalliques
expressionnistes et compositions plus intimistes. Un double langage
articulé dans la douleur, au fil de longues séances d'enregistrement
organisées dans son studio privé de La Nouvelle-Orléans. Le
succès critique et populaire rencontré par The Fragile n'a pas calmé
les passions de Trent Reznor. Contacté par téléphone, l'artiste se
livre, la voix cassée, la rage aux lèvres. Trent Reznor: En
Amérique, un groupe comme Nine Inch Nails doit faire beaucoup de
concerts pour exister. Les radios et les médias nous boudent. A la
fin de notre dernière tournée, je me sentais totalement vidé. Je ne
savais plus pourquoi j'étais un musicien. J'ai finalement réalisé
que je faisais cela parce que c'était un art à part entière et non
un business ou un cirque peuplé de faux amis. Il m'a fallu deux ans
en fait pour enregistrer The Fragile.
Le Temps: Comment
avez-vous vécu la transition entre cette période d'introspection
dans le studio et la nouvelle tournée que vous poursuivez
aujourd'hui? – Cela a été très douloureux. Je regrette
l'intimité du studio. Je n'ai pas encore trouvé l'équilibre entre
ces deux activités. Si le travail de composition et d'enregistrement
me plaît – car il est plus cérébral et enrichissant –, je suis
extrêmement fier du show que je présente actuellement. Je regrette
seulement qu'il coûte trop cher pour être baladé un peu partout en
Europe.
– Vous ne donnez en effet que de très rares concerts
en Europe. Pourquoi cette absence? – Interscope, la maison de
disques dont je dépends aux Etats-Unis, se fout totalement du marché
international. Ils font plus d'argent en limitant leurs activités à
la seule Amérique, c'est pourquoi ils refusent de financer nos
tournées outre-Atlantique. En fait, je perds de l'argent lorsque
nous nous produisons en Europe. Alors, même si l'art est pour moi la
valeur suprême, je ne veux pas sacrifier mon groupe, mon label pour
une tournée intensive en Belgique et en Allemagne.
–
Universal, la maison de disques qui chapeaute Interscope, a
récemment refusé de distribuer aux Etats-Unis bon nombre d'artistes
de votre label Nothing. Comment réagissez-vous? – Universal pue.
Ce n'est pas une maison de disques, c'est une multinationale. Ils
n'ont aucun intérêt pour les artistes. Comment peuvent-ils refuser
de distribuer Coil ou Einstürzende Neubauten qui sont des artistes
majeurs de ces dernières décennies? C'est une honte. C'est pourquoi
Nothing va quitter Universal.
– Votre tout premier album est
intitulé Industrial Nation, un titre révélateur d'une réalité dans
le panorama musical actuel. Comment jugez-vous aujourd'hui ce
mouvement industriel que vous avez contribué à lancer? -
L'imitation est la forme de flatterie la plus sincère. Si certains
copient aujourd'hui mon son, et sans doute avec talent, je suis déjà
ailleurs. Sur chacun de mes albums, je tiens à me redéfinir, quitte
à briser une formule qui marche. David Bowie est à cet égard un
exemple pour moi, il n'a jamais hésité à innover.
Nine Inch
Nails, en concert à Belfort, le vendredi 7 juillet à 22 heures.
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Du
rock, oui, mais aussi de l'électro, du reggae...
Le
festival de Belfort propose une programmation haut de gamme et
large d'esprit. Valérie Fournier
Fort
de son nom et de sa tradition, le festival les Eurockéennes
commence par une soirée aux accents très metal: Nine Inch
Nails, Oomph!, Slayer et Fu Manchu. Mais l'équipe de la
programmation a mis de l'eau dans son vin après la baisse des
entrées enregistrée l'an dernier, notamment pour Metallica.
«Nous restons fidèles à notre ligne tout en métissant la
programmation. C'est ainsi que Nine Inch Nails et Alanis
Morissette se côtoient le même soir», explique Cathy Serra,
membre du collège artistique. Quarante-cinq artistes se
succéderont sur trois jours. On retiendra Muse, Slayer, Nine
Inch Nails, Alanis Morissette et Luke Slater pour la première
soirée. Macy Gray, Asian Dub Fondation, Rita Mitsouko, The
Cranberries pour le samedi. Oasis (sans Noël Gallagher), Eels,
Eurythmics et Moby pour le dimanche, avec une attente
particulière de A Perfect Circle, formé du chanteur de Tool et
d'un membre de Nine Inch Nails. Au niveau suisse, les
Fribourgeoises de Skirt seront sur la petite scène vendredi à
18 heures, une scène préchauffée la veille par leurs
compatriotes Wonderspleen, vainqueurs du tremplin suisse. Au
chapitre des nouveautés, la scène «Territoire de musiques»
s'appelle désormais «La tente». Elle accueillera 2500 fans de
techno pour des fins de nuit très électroniques. Suite au
drame de Roskilde, les organisateurs ont apporté un soin
particulier aux conditions de sécurité. «Le nombre d'entrées
est limité à 25 000, et nous nous réservons le droit d'en
refuser, comme ce fut le cas en 1996 aux concerts des Red Hot
Chili Peppers et de Sepultura», assure Cathy Serra.
Les Eurockéennes de Belfort, ve 7, sa 8 et di 9
juillet. Programme complet: www.eurockeennes.fr . Prélocation
TicketCorner. Bus au départ de Genève, Lausanne, Fribourg,
Berne et Bâle. Infoline 0848 30 00 44.
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