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Article du magazine
GoForMusic
Mars 2007

Voici l'article du magazine GoForMusic

Nine Inch Nails - 18/03/07 - AB

Treize ans ! Treize ans que Nine Inch Nails n’avait plus joué dans une salle belge (depuis le Vooruit en 1994), optant pour le festival de Werchter lors de ses derniers passages dans le plat pays. C’est dire que ce concert à l’AB était espéré par les fans comme le messie. Car ils savent que quand NIN en a l’occasion, c’est en petites salles qu’il donne le meilleur de lui-même. Comme Trent Reznor, le chanteur du groupe, nous l’a d’ailleurs confirmé à l’issue du show : « Pour les Américains, jouer en festival est toujours une bonne occasion de se faire connaître d’un très grand nombre de gens en Europe, je ne renie donc pas cette expérience. Mais, parfois, je regrettais de devoir jouer entre deux groupes avec qui je n’avais aucune affinité et que je ne serais jamais venu voir moi-même. En salle, les gens ne sont venus que pour toi, il y a donc une relation très forte, presque fusionnelle, avec le public. Cette ambiance nous permet de donner plus à ceux qui nous suivent de longue date. »

Et les fans hardcore se souviendront encore longtemps de cette soirée. Durant une heure trente d’une prestation à la puissance indescriptible, Trent nous a hurlé à la face que lui, il était Trent Reznor, chanteur du groupe le plus excitant du monde ; alors que nous n’étions que de simples mortels. Si ce concert sera l’occasion de présenter quelques titres issus du nouvel album du groupe (Year Zero) à sortir le 13 avril prochain, il sera surtout l’occasion de redonner vie à des standards de l’indus-gothique qui sont devenus de véritables hymnes pour les admirateurs. March of the pigs, Hurt ou Head like a hole font trembler les murs (au propre comme au figuré), tandis que quelques morceaux plus rares (Sin ou Piggy) comblent d’aise les vieux de la vieille qui n’en demandaient pas tant. Si la cohésion du groupe est excellente, NIN reste avant tout l’œuvre d’un homme : Trent Reznor, meilleur ennemi de Marilyn Manson et grand pote à Bowie, qui gère ses musiciens turbulents d’une poigne de fer. En concert, Nine Inch Nails est une locomotive lancée à toute vapeur, que rien ne semble pouvoir arrêter. Un tsunami bruitiste et indus qui n’a jamais fait de concessions et par lequel, dans un mouvement de plaisir masochiste, on aimerait se faire exploser les tympans plus souvent. Bref, entre le moment où ils sont montés sur scène, quasi anonymes en pleine lumière (avant d’activer les stroboscopes) et leur sortie un match de foot plus tard, le temps est resté comme figé. Plus personne n’a regardé ni sa montre, ni son voisin, fasciné par ce spectacle total et cette ferveur incroyable, prouvant que, même si NIN n’a plus les faveurs des média mainstream, il demeure un groupe essentiel du rock des années 2000. Et une expérience musicale ultime.

FVDC
(19/03/07)

Nine Inch Nails - Year Zero

Le nouvel album de Nine Inch Nails sent la foudre et utilise l’avenir du monde comme paratonnerre. Il s’agit d’un disque radical, gavé de prédictions au penthotal à ne pas mettre entre toutes les oreilles. Le précédent album de Nine Inch Nails, un With Teeth mélodique et apaisé, sonnait presque incongru dans la discographie des Bisounours du rock indus américain. Avec ce nouveau Year Zero, les trublions retournent à un rock très brutal. Au service de chansons qui semblent nées de l’accouplement entre une boîte à rythme devenue incontrôlable et le réacteur d’un gros-porteur au décollage. Tout au long de ce sixième album studio, Trent Reznor, la tête pensante du groupe, a renoué avec ses vieux démons (Le bruit, la fureur et un volume sonore du message qui augmente à mesure que la neige s’accumule sur la ligne.), pour définitivement chasser ceux qui le pourchassaient depuis quelques années (les psychotropes en tous genres). Désormais sain de cœur et d’esprit, il en profite pour signer un disque tortueux et torturé, mais maîtrisé. Et surtout, parfaitement équilibré entre deux tendances : des titres sauvageons mais structurés (à l’image du single Survivalism) et des expérimentations soniques, parfois bruitistes et élitistes, mais jamais inintéressantes. Un peu comme si Trent Reznor avait confié le soin à un remixeur fou de revisiter le fond de ce qui se dissimule dans les méandres de son cerveau et du disque dur de son ordinateur portable, avec lequel il avoue avoir composé la majorité de cet album. Bref, ce disque appartient à la trempe des vraies œuvres d’art (car c’en est une) : celles qui se bonifieront avec le temps et que l’on redécouvrira à chaque époque.


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