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magazine : alterative press [us]
numéro : mars 1990 - #27
titre : getting down in it
langue : français [version anglaise ici]
source : the nin hotline
note : traduit de l'anglais par adx pour alteration 2.0

ALTERNATIVE PRESS – ALLER AU FOND DEDANS

En dépit des critiques arrogants qui essayent de définir l’état mental de Trent Reznor, de ceux qui cherchent des messages cachés dans ces paroles quelquefois cryptées, ou des sceptiques qui tentent d’éclaircir les influences de Reznor; Nine inch Nails, projet studio d’un seul homme, a rapidement capté l’attention d’un public plus large que celui des habituels ados fanatiques de synthétiseurs.

Que cela eu été son attention ou non, Trent Reznor a crée un premier album, Pretty Hate Machine, intensément personnel et introspectif. Album qu’il a composé seul, que ce soit tard la nuit, en dehors de ses heures de travail dans le petit studio local ou il était employé, ou bien dans son sous-sol, chez lui. Ils s’est initié lui-même aux applications informatiques MIDIs nécessaires à la pratique du sample, développant et affinant de nombreuses sonorités. Il a choisi d’utiliser des sons à la fois agréables et percutants, obscures et familiers, en les mélangeant avec guitares et batteries. Ce type d’environnement lui donne la liberté de travailler sans la contrainte que peut constituer la présence de tout un groupe. Il s’est aussi laissé le droit de s’imisser émotionnellement et entièrement dans ses chansons. Il écrivait sur ce que pouvait être son état d’esprit à ce moment, mais pas nécessairement son état d’esprit définitif. Le résultat final est une forme d’auto-expression au goût du jour technologique, et son succès profite à un publique qui avait besoin d’entendre quelqu’un d’autre révéler des sentiments d’une manière qu’ils n’avaient jamais pu autrement exprimer.
“J’avais besoin d’une sorte de matière première pour mes chansons. Une matière première qui aurait une certaine forme d’impact”, dit-il assis dans son appartement, la nuit de la confirmation pour sa tournée à venir avec Jesus & Mary Chains. “J’ai travaillé en me basant sur les choses qui m’emmerdait. Les choses qui m’irrite semblent davantage me motiver que celles avec lesquelles je me sent en parfaite harmonie”.
"J’ai toujours travaillé de cette façon. Seul. C’est plutôt normal pour moi. Je n’aime pas vraiment travailler avec d’autres personnes en fait. Parce que, si je me ramène avec une bonne idée, il me faut juste une heure pour que ça devienne excellent, juste une heure tout seul à tourner autour pour que ça soit développé".

Par opposition à la tonne de groupes qui utilisent les applications studios modernes et soit, inventent de nouvelles techniques ou soit, utilisent ces “instruments” jusqu’a la redondance, Reznor savait qu’il était important de se garder à l’écart de cela. Il avait une petite idée de la manière de développer et d’exposer sa musique, mais a laissé la force inhérente de son matériel le guider.
"Au tout début, durant l’été 88, on s’apprêtait à sortir un maxi-vinyl sur un label européen, en se disant que si on pouvait avoir assez d’argent pour faire ça, on verrait bien ce qui se passera alors. Peut être, un an ou deux plus tard, nous avions une meilleure idée de ce à quoi le groupe devait ressembler. Nous voulions approcher un plus gros label, une major ou un label indépendant de taille décente. A ce moment, j’étais dans le flou. Nine Inch Nails, c’était 3 chansons. Je n’étais pas sûr de la direction à prendre. Je ne voulais pas être impliqué dans un label du genre, "eh, c’est pas mal, mais calme le jeu un peu ici et là, fait ça plus pop ou je n'sais quoi". Nous avons été approché par un tas de petits labels indépendants. Nous avons envoyé, tour à tour, 10 bandes qui nous on toutes été retournées avec des propositions de contrat. En fin de compte, on s’est dit que ce n’était peut être pas la peine de le sortir ce maxi-vynil. Dès lors, on a commencé à faire notre trou. On a fait des dates avec Skinny Puppy sur leur dernière tournée. C’était effrayant d’ouvrir pour eux. J’ai compris que ce n’était pas ce que je voulais faire. Je me suis donc débarrasser des types avec qui j’étais, écrit le reste de l’album et tout refait en montant un nouveau groupe l’été dernier".

Désormais, le groupe se compose de Reznor, Richard Patrick [guitare], Chris Vrenna [batterie] plus un nouveau venu, David Haymes, aux claviers pour la tournée actuelle.
“Je ne voulais pas partir en tournée avec Depeche Mode ou Nitzer Ebb. J’aurais préféré y aller avec Jane’s Addiction ou un groupe minuscule. Pas quelque chose avec lequel tu dois te vendre à un public qui, de toute façon, n’est pas là pour ce genre de musique”. En effet, Nine Inch Nails ouvre pour la tournée de Jesus & Mary Chains depuis fin janvier et ce jusqu’a mi-mars. Puis le groupe filera avec Peter Murphy au milieu du mois d’avril. “J’attends cela avec impatience car j’atteints un point où je ne peux plus regarder un seul ordinateur”. Un petit sourire forcé apparaît sur son visage. Son appréhension à parler de lui-même est souvent brisé par son sarcasme. Il est évident qu’il ne se prend pas autant au sérieux que pour sa musique. "J’attends impatiemment de pouvoir répéter, dans un endroit sans chauffage, avec des gens que tu n’aimes pas, à chanter des chansons qui te rendes malade…, pour ça, je ne peux pas attendre, tu vois c’que j’veux dire ?"
A l’origine, Reznor s’apprêtait à auditionner des gens pour son groupe, en Angleterre. Et pensait même se déplacer jusqu’a là-bas pour s’extirper de la scène local de Cleaveland. Il mis une petit annonce dans le Meloy Maker ainsi que dans d’autres magazines et fut contacté par une centaine de personnes, pour la plupart des “wanna-be’s” qui avaient besoin d’un moyen pour s’échapper de chez eux, proclamant la phrase habituelle, "Ouais, j’suis un fan", cite Reznor. A la place, il revient aux USA et décide d’utiliser de jeunes musiciens et "de les modeler pour ce à quoi je voulais les utiliser, plutôt que de brillants musiciens qui se seraient ramener avec un style du genre “ca devrait être comme ça".
"La musique n’a pas été crée avec une partie de guitare ou de batterie en tête"
, continue t-il. "Live, il y a des choses qu’il est totalement impossible de reproduire. J’ai donc juste pris des types que je connaissais dans le coin et qui avaient la bonne "attitude" ".

Cependant, au fur et à mesure, Reznor du apprendre à faire des compromis quand il fut question d’utiliser des formes inhabituelles pour présenter sa musique. La vidéo de son premier single, Down in it, du passer au travers de la sacro-sainte séance de visionnage à MTV. Avec pour résultat, une retouche "hachoir" de la fin du clip. Chose facilement devinable quand on sait que le clip fut produit par H-Gun, ce même collectif de Chicago déjà responsable des derniers clips de Ministry et de la vidéo des Revolting Cocks pour Stainless Steel Providers. "Notre vidéo a été censurée car, à la fin de celle-ci, je suis allongé, mort sur le sol. Je peux voir ça dans un soap opéra au milieux de la journée. Ce n’est pas comme si j'étais criblé de balles ou tombant d’un building. Je suis juste allongé sur le sol. Cela sous-entend le suicide, et on peut pas voir ça sur MTV", dit-il sarcastiquement. "Mais on peut voir Cher le cul à l’air".
De plus, le mix original de Down in it n’est pas apparu sur l’album comme cela avait été prévu, remplacé par celui d’Adrian Sherwood.
"J’ai toujours voulu travailler avec lui de quelque manière que ce soit. Il est très cher, je voulais donc juste faire un 12’ avec lui. Le laisser prendre une de mes chansons. Le laisser se démerder avec et qu’il fasse tout ce qu’il voulait. Je l’ai appelé et lui ai fait écouté, et il était ok pour le faire. C’est quand nous avons eu le contrat avec TVT. Il a fait ça en premier. J’ai enregistré toute la chanson moi-même, à Cleaveland. Puis, Keith Leblanc a fait un peu de pré-production à New-York. Et enfin, Adrian l’a mixé à Londres, sans moi. Nous ne nous sommes jamais rencontré face à face, juste parlé au téléphone. Puis il me l’a renvoyé et je l’ai écouté. Je n’avais aucune idée de ce à quoi m’attendre. C’était radicalement différent de ma version. Je ne voulais pas mettre ça sur l’album, mais les forces qui… La version originale ressortira peut être quelque-part. Je pense qu’il est vraiment bon dans son travail. Pour moi, il tend un peu à être étouffé du fait des personnes avec lesquelles il travaille. Mais je ne peut pas me plaindre. Mon seul reproche serait que ma version pourrait avoir tout de même pu apparaître autre-part. Elle est beaucoup plus hip-hop, vraiment "ado". Plus émotionnelle, pas aussi linéaire. Elles auraient pu très bien se compléter".

Une chose sur laquelle les médias ont immédiatement tilté, c’est le nombre de producteurs que cet album contient. Sherwood [Ministruy, Cabaret Voltaire, Depeche Mode, KMFDM, des artistes du label U-Sound], John Fryer [ Love & Rockets, He Said, Wire, Cocteau Twins], Keith Leblanc [TackHead, Fats Comet, Barmy Army, Maffia] et Flood [Nitzer Ebb, Depeche Mode, Erasure, Crime & The City Solution]. Cependant, à l’origine, il ne voulait que Flood à la production.
"J’aime Flood car il est l’opposé de Sherwood. Il est très transparent. Tu ne te dis pas, "eh, ça sonne comme du Flood". Malheureusement, ses tarifs sont beaucoup trop élevés à cause de Depeche Mode. J’ai donc appelé Fryer à la place. Je n’avais pas l’attention de procéder de cette façon. L’album était supposé être 100% Flood. N’étant pas fan de certains des mix que Fryer aimait, je suis allé en studio avec Keith Leblanc à New-York pour rajouter d’autres sons. Par conséquent, j’avais la tache d’essayer d’agencer toutes ces chansons en un ensemble cohérent du point de vue du mixage. En accentuant certaines, moins pour d’autres, en connectant du matériel ensemble, ce qui prend un bon bout de temps. Flood ne pouvait pas en croire ses oreilles. Mission accomplie donc".
"Flood est le genre de producteur à dire, "je me fout du statut du groupe avec lequel je travaille, je me fout de l’argent", ce qui était plutôt cool car on avait pas un énorme budget pour travailler avec lui. Nous sommes devenus bon amis et nous ferons le prochain disque ensemble, l’été prochain si on peut".

Et tout cela, bien que Depeche Mode ait indirectement interféré avec la production de son propre disque, à un point que Reznor était capable de supposer certaines parties de leur emploi du temps.
Ils étaient à New-York”, explique Reznor. “Quand j’ai commencé à enregistré l’album à Boston avec Flood, il travaillait avec Depeche Mode et Nitzer Ebb. Avec Flood, on est allé au Ritz et on y a rencontré Daniel Miller [propriétaire de Mute Records] et Depeche Mode. On a bu un coup et j’ai été traité comme une star tout le long de la soirée. Il n’y avait que le gratin à l’arrière du Ritz. Il y avait le chanteur de Depeche Mode, moi, Daniel Miller, Flood et le clavier de Depeche Mode. Mais 2 ados sont venus vers moi et ont dit: "Vous ne seriez pas dans Nine Inch Nails ? On vous a vu avec Skinny Puppy l’année dernière". Et Reznor de répondre avec son habituel sarcasme: "Nan, c’est cool ce qu’ils font mais c’est pas trop mon genre de truc".

"J’ai déjà commencé à travailler sur le nouvel album. Ca risque de se passer entre moi et Flood, davantage comme une collaboration entre un producteur et moi. Pas nécessairement comme un groupe traditionnel, juste ce sur quoi je pourrais tomber sur l’ordinateur. De meilleurs chansons j’espère. On verra comment ça se passera. Ca devrait être assez différent de Pretty Hate Machine, sur le plan du son j’entends. Si ça sera viable commercialement, je ne sais pas. Nous verrons comment je serais torturé à ce moment là”, dit-il d’un air satisfait.
“Je risque d’écrire le prochain disque, en gros, tout seul car je ne suis pas à cours d’idées. Si à la fin de ça, je vois que j’ai besoin de collaborer, très bien. Ca commence à m’ennuyer d’avoir à écouté 600 albums de musique africaine pour trouver de bons samples. Ca devient un peu lourd à la longue”.


traduit de l'anglais et retranscrit par adx pour alteration 2.0