Traduit de l'américain par Ninjaw P.B./NiN-France - Rolling Stone Juin 99 avec Nicole Kidman en couverture

Trent Reznor de nine inch nails émerge de deux ans de lutte et de traumatisme avec un gros nouvel album
Par David Fricke
Trent Reznor est prêt à chanter. Courbé légerement en deux, serrant passionnant le micro comme s'il voulait tordre son petit cou métallique, Reznor ferme les yeux sous la lumière du dehors et aux projections de lumieres des ordinateurs de la salle de controle principale du studio Nothing à la Nouvelle Orléans, et attend que la musique s'ecoule dans ses écouteurs.

Lorsqu'elle arrive, Reznor semble faire ressurgir de l'interieur son moi tourmenté. "I've become impossible/Holding on to when/Everything seemed to matter more" , hurle t'il sur "We're in This Together", une des plus de deux douzaines de chansons du nouvel album de Nine Inch Nails, The Fragile, normalement prévu pour Septembre en double CD. En fait, Reznor -qui est Nine Inch Nails; qui a écrit, produit et joué chaque note sur The Fragile- est cool, est très controlé.

Prise après quelques pauses. La voix de Reznor semble sans ton; il n'a pas écrit assez de mots, puis un ordinateur a brusquement quitté. Desapointé, Reznor fait une pause dejeuner rapide, suivi d'une autre longue seance. Depuis deux heures, il joue un sample du refrain de "We're in this together", testant plusieurs effets de guitare et clavier: des hurlements synthetiques glacés; des bips Kraftwerkiens; des guitares slide; wah wah; ce que Reznor appelle allegrement "une distortion Jesus And Mary Chain". "On ne va nulle part", dit il a Keith Hillebrandt, un programmeur maison de Nothing, et l'ex producteur de Skinny Puppy Dave Ogilvie, qui fait aussi de la production sur l'album. "Continuons comme ca et voyons ce que ca donne".
 
 

Quand Reznor arrette à minuit pour s'attaquer à un autre business du nouvel album (il travaille sur la pochette et la video même s'il enregistre toujours), "We're in this together" est loin d'être terminée. Reznor n'a rien de nouveau. Mais il lui reste de nombreuses idées sauvegardées sur disque dur (et en backup sur cassettes digitales) pour plus tard.

"La chose importante est de laisser la bande tourner", dit Hillebrandt. "Vous ne savez jamais quand Trent va faire quelque chose qu'il voudra utiliser plus tard. Toute cette chanson a debutée sur un passage qu'il avait en fait joué à la fin d'un autre morceau. Il l'a re-écrit en une chanson completement nouvelle."

"Ca a été la folie", admet Reznor, pendant les deux années qu'on prise cet album. Il pense devant l'armoire de guitares et claviers sur un coté de la salle de controle, pres des plus de 17 pedalles d'effets sur le sol, ici, le centre nerveux des studios Nothing, une ancienne maison funeraire en nouvelle Orleans que Reznor a acheté en 1995. "Quatre vingt quinze pour cent de ce disque ont été écrit dans cette pièce" dit il "Ce qui n'est pas une façon de faire des albums rapidement."

Reznor, qui a recemment depassé les 34 ans, ne parait pas pire. Il est bien rasé, ses cheveux teints en noir coupés courts. Dans un Tshirt gris-vert, pantalon noirs et sneakers, il semble bien, concentré, et prêt pour un serieux travail. "Ce disque", dit il, "est parti sur des tangeantes - c'est a dire partant d'un point, puis, repartant vers un autre. La chanson suivante  commence ou l'on s'est arreté, et ainsi de suite."

Pour illustrer ce point, il joue la version finale du premier single de l'album, "The day the world went away". Une partie contient comme des guitares Black Sabbath suspendues en echo avec de discrets electroniques et une legere guitare acoustique qui ressemble a un ukulele. Une autre partie est plus aerée - piano sombre, basse acoustique, la voix de Reznor, propre et intime sur huit lignes de texte. Comparé avec la violence intense du mini album de Nine Inch Nails de 1992, Broken, et le hit de 1994 The downward spiral, "The day the world went away" est bouillant, spatial, menacant mais sans batterie.

Reznor diffuse deux chansons electrometal - "The Wretched" et "Starfuckers, Inc", les faces B du single "The days the world went away" qui sont vicieuses, et indeniablement Nine Inch Nails. Mais il semble plus fier de, et aussi plus nerveux a propos d'essais comme "La mer" et "Into the void". "La mer" est construite autour d'une melodie au piano circulaire. Le set initial avec l'ingenieur/co-producteur Alan Moulder initiallement prevu en sept97 a splitté. Reznor a brievement amusé l'amérique en declarant travailler avec un groupe complet puis est revenu a son celebre combo-à-une-personne. (Parmis les invités qui ont contribués à The Fragile figurent Mike Garson, le pianiste de Bowie, le guitariste Adrian Belew et le batteur de Ministry William Rieflin). "Quand j'ai des idées, je les ai par douze à la fois, c'est difficile pour moi, d'essayer d'intendre que quelqu'un comprenne".
 
 

Sur une suggestion de son ami&producteur Rick Rubin, reznor s'est aussi isolé pour écrire pendant deux mois et demi - avec un magnetophone et un piano dans une maison de Big Sur, sur la cote nord de Californie. Un de morceaux issus de cette escapade est "La Mer".

"On a passé beaucoup de temps la dessus, je ne vous mentirais pas", avoue Reznor. Il avoue aussi dans une petite crise de confidence, avoir perdu toute conviction en ce qu'il avait à dire, et dans sa musique. En 1997, la grand mère de Reznor est morte à l'age de quatre vingt cinq ans. A cinq ans, les parents de Reznor se sont separés, et c'est sa grand mère qui l'a élevé. "Je n'arrivais pas à m'y faire", dit il doucement. "Je me suis dit que c'a n'était jamais arrivé".

Puis, Reznor ajoute, "mes meilleurs amis m'ont attaqué". A la question sur qui étaient ces "amis", il repond "Un groupe de gens avec lesquel j'ai passé du temps avec, enregistré un album avec, et leur nom est en deux mots, et commence par la lettre M" - un reference à ses ex-protegés Marilyn Manson.

"J'ai pris du temps pour m'éclairsir la tête", continue Reznor. "Ironiquement, ce fut faire ce disque qui m'a calmé. Parceque c'est ce qui m'a toujour aidé dans le passé. J'étais juste trop stupide pour ne pas le realiser".

Moulder qui avait aussi mixé sur The downward spiral, atteste des methodes de travail de Reznor: "Il est frustré avec lui-même  si il a une idée et qu'il ne peut la jouer à la guitare aussi bien qu'il le voudrait. Mais il aime s'attabler à de grandes taches. Il n'abandonnera jamais un challenge. La meilleure chose qui pourrait arriver a une chanson c'est: "ca ne le fait pas" Et qu'il se determine à la rendre meilleure".
 

Reznor annonce que Nine Inch Nails fera une tournée pour supporter le nouveau disque: "Pas comme avant mais presque. Dix fois autour de l'Arkansas, je ne pense pas que ca va arriver cette fois". Mais même avant d'attaquer le bitume, Reznor prevoit d'enregistrer après avoir finit The Fragile, pour un autre projet: une collaboration avec Dr Dre, un auteur Hip Hop.

"Il a travaillé sur le mix d'un des morceaux du disque" explique Reznor, "J'ai pu voir comment il travaillait, et ca a semblé très different", "Je pense que le rencontrer pourrait etre interressant. Il ne nous a jamais vu enregistrer, ce qui pourrait etre compliqué"

Un exemple de l'indulgence que se permet Reznor à lui même sur The fragile: Pret de la fin de "Pilgrimate', une chanson vigoureuse, avec des coeurs, une guitare exotique et, pret de la fin, ce qui ressemble a un grosse, fanfare scolaire.

"Ca n'aurait pas du être là", dit Reznor. "Le morceau était fini. Mais à la fin, j'ai dit, 'C'est un theme si bizarre, qu'est-ce que ca donnerait, joué par une fanfare dans la rue?' une semaine plus tard, il s'est plongé dans un des ordinateurs macintosh grand taille du studio: "Voila une fanfare qui marche a travers la chanson. Tout sur synthetiseur".

New Orleans, est bien sur, une ville pleine de fanfare. "Ca aurait été plus facile de choisir une fanfare" admet Reznor, "mais ca a commencé par 'donnez moi deux heures'. Si jamais je dis ca, commendez chez Domino's pizza, et allez prendre le café, on va être là pour un bout de temps".