Nin-FranceBiographie

L'histoire de Nine Inch Nails

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<=#3.=> Cleveland: Vrenna, Exotic Birds, Right track, PHM -1984

Après une période à jouer dans quelques groupes locaux à oublier tel The Urge, Trent a décidé de déménager à Cleveland, un meilleur endroit pour une carrière musicale, même si c’était plutôt vide après la découverte de groupes underground tels que Rocket From The Tombs et Pere Ubu: " J’ai déménagé à Cleveland, parce que le groupe dans lequel j’étais y jouait beaucoup. Il y avait un magasin de musique qui avait tous les derniers synthétiseurs high tech et séquenceurs, j’y étais tout le temps, ils m’y ont offert un job, de 10 à 18, tous les jours à écouter 20 gens tester les boites à rythmes. Cleveland n’était pas mal, il manquait quelques trucs, mais ca a été une bonne place pour mettre mes conneries en place. "

Pendant qu’il y travaillait, Trent a rejoint une série de groupes locaux, le plus embarrassant d’entre eux, apparemment, fut un groupe de Hard Rock commercial appelé The Innocent. Même s’il n’a pas joué sur leur album au titre non ironique Living On The Street, il l’a rejoint à temps pour figurer sur la pochette, avec un vieux clavier sur ses genoux : " Ce disque est une merde étrangère, du rock pourri dépassé, stupide, idiot. Vous m’avez eu, je suis un idiot, j’ai essayé de cacher ça. C’était la seule chose que j’attendais que quelqu’un découvre. (Details) "

Pas plus mémorable, d’après des témoins, Slam Bam Boo, un groupe de pop synthétique commercial dans lequel Reznor a joué et fait un peu d’enregistrement.

Prick
Un peu moins humiliant, fut le rôle de clavier dans Lucky Pierre, un combo sombre du vétéran de Cleveland Kevin McMahon, qui réapparaîtra dix ans plus tard dans le groupe à un membre Prick, qui deviendra un des premiers groupes à signer chez Nothing, le futur label de Reznor. Il y a joué deux ans dans les milieux des années 80, et apparaît plus tard dans le EP du groupe de 88 Communique.
Apparemment, le plus sérieux des groupes de Trent fut Exotic Birds, un groupe progressif dont le batteur était Chris Vrenna, un vieil ami du collège de Mercer qui travaillait avec Trent au magasin de musique. Reznor et Vrenna partageaient un appartement sordide dans une mauvaise partie de la ville : " Notre unité monétaire était les albums, ce T-shirt coûte 3 albums et 2 singles ? Pas question ! Puis c’est devenu des cartouches de jeux vidéos, lorsqu’un billet de 40 dollars pour l’essence nous suffisait pour une semaine. Mon unité monétaire était la drogue, pendant un moment, la pire chose pour ton argent. A un moment assez bas, c’était les Top Ramen, et la Bush en canettes, parce que la Budweiser était trop chère, et les Ramens vous gardaient techniquement en vie. On gardait toujours un peu de Old Milwaukee au cas où l’on aurait de la visite. "
Chris Vrenna
Même si la musique de Exotic Birds était ambitieuse, il manquait le côté sonore et émotionnel de Reznor : " Je me suis dit, bon dieu, il y a énormément de musique que je n’ai jamais entendue. C’était comme un réveil musical, de Test Dept. A XTC, tous ces groupes dont j’ignorais l’existence... Quand je suis tombé sur toute cette musique hard avec des cotés électroniques -ce que vous, mais pas moi, appelleriez industriel- ca m’a remis en place les idées que j’avais déjà dans la tête. Soudainement la musique commençait à prendre sens. (Rolling Stone) "

Trent se sentait familier avec la première vague de groupes " industriels ", nommés ainsi car leur rythmes mécaniques rappelaient les sons de l’industrie lourde. Il fut particulièrement impressionné par le travail de Al Jourgensen, le leader à chicago de Ministry, et sans doute le plus influent de l’industriel underground américain à ce moment. Comme Reznor, Jourgensen a commencé sa carrière en jouant de la pop synthétique orienté dance, puis a modifié son approche en faveur d’un style plus personnel et extrême :  " Ce qui m’intéressait, c’est que Jourgensen apportait toujours un intérêt dans ses chansons au contraire de groupes industriels classiques tels que Einsturzende Neubauten ou Test Dept. Ou Throbbing Gristle. Je trouvais beaucoup de ces groupes inaudibles, mais Ministry c’était comme des putains de bonnes chansons, arrangées de manière à botter le cul. "

Alors qu’il était toujours membre des Exotic Birds, Reznor a eu une brève apparition dans le show business, avec le film de Cleveland de 1987 Light of day dont les acteurs principaux ne sont ni plus ni moins que Michael J.Fox (de Retour vers le futur) et Joan Jett (la chanteuse du célèbre I love RockN’Roll), dans lequel il apparaît rapidement comme un membre d’un trio fictif de pop synthétique appelé The Problems, qui interprètent une reprise new wave de True Love Way de Buddy Holly. Groupe qui est d’ailleurs tourné en ridicule par les personnages. Les Problems n’apparaissent pas sur la B.O. du film.

Exotic Birds a un peu enregistré, et on atteint une modeste reconnaissance de la scène locale, mais Trent ne tarda pas à trouver cette musique un trop sage pour ses goûts naissants :  " Je ne détestais pas ce que je faisais, mais ce n’était pas ce que je voulais jouer et entendre. J’aime les vieux disques de AC/DC, mais je ne jouerais jamais quelque chose comme ça. "

Trent décida de se concentrer sur son travail solo : " J’écoutais des groupes qui utilisaient de l’électronique, mais qui crachaient cette putain d’agression et de tension comme le plus dur du heavy métal. Et ils utilisaient des outils récents que je comprenais. Je pensais que je pouvais faire mieux que tout ce que j’entendais, mais je ne faisais rien, j’arrangeais la musique d’autres personnes, je jouais du clavier dans des conneries de démos d’autres gens. Je jouais en live, prenais de la drogue et étais un putain d’imbécile croyant faire quelque chose alors que c’était faux. Je n’avais jamais rien écrit, j’avais peur, j’avais toujours une excuse pour ne rien faire, alors je me suis dit putain, tu as 23 ans, prend toi en mains, j’ai quitté Exotic Birds et ai décroché ce job d’assistant dans un studio, et me suis poussé à faire quelque chose. (Spin) "

Il s’est donc pris en mains en devenant assistant au Right Track, un studio du coin. Faire des taches diverses lui a donné la possibilité de se familiariser avec les machines et les applications informatiques qu’il aurait besoin pour reproduire le son qu’il avait en tête : " Je nettoyais les toilettes le jour pour avoir un endroit où travailler sur ma musique la nuit. (Request) "

Déjà très familier avec les studios, alors il a juste affiné ses connaissances. Bart Koster qui possède le Right Track se souvient : " C’était un mec qui arrivait et faisait une session jusqu’à 2 heures du matin, et commençait à travailler sur son propre matériel jusqu’à 8 heures. Il est concentré sur tout ce qu’il fait, quand il est arrivé, il semblait bien, j’ai été si impressionné par son talent et sa détermination que je lui ai accordé l’accès au studio pendant les heures creuses. Comment pouvais-je refuser ? Ca ne me coûtait rien d’autre qu’une usure de mes têtes de lecture. "

" Je me suis dit, que veux-tu faire ? Ne pas se préoccuper d’un job à plein temps, mon job peut être faire de la musique. Comment y arriver ? Obtenir un contrat sur un disque, comment ? Faire une cassette, comment ? Ben je n’ai pas de groupe, j’ai juste besoin d’électronique. (Plazm)"
 
Halo1: Down in it
Halo1: Down in it
Et Reznor assemble un arsenal de sons et de rythmes reflétant ses émotions. Il dut se lancer dans l’écriture, après un essai infructueux pour écrire des paroles politiques dans le style de Clash, il se met à travailler sur ce qu’il ressent. La première chanson à sortir est Down in it : " J’ai pris une approche très expérimentale. La version originale avait une vitesse deux fois plus lente, et était une copie totale de Dig It de Skinny Puppy, je l’admets maintenant, mais pour les paroles j’expérimentais une écriture de suites des pensées me traversant l’esprit. "
L’inspiration de Reznor deviendra ses expériences personnelles, pour que son travail lui semble honnête, le résultat semble l’avoir lui-même surprit : " C’était des trucs de mon journal. Ce n’était pas un personnage qui chantait, mais ma propre vie. Maintenant Pretty Hate Machine s’est vendu à des tonnes d’exemplaires, et j’y suis perçu comme une caricature ou un personnage de dessin animé. Mais quand j’ai écrit ca, c’était bien moi, et je ne suis pas sur que je voulais que les gens en sachent autant. (Spin) "

Reznor a passé 7 mois à travailler sur ses démos dans le Right Track et son petit home studio, appréciant le fait de pouvoir travailler comme il le voulait, sans avoir à expliquer à d’autres gens. En fait, à chaque fois qu’il demandait de l’aide, il tombait dans une impasse, et devait se débrouiller tout seul. Il réalisa cependant qu’il aurait besoin d’aide au niveau du business. Heureusement un jeune vétéran de la scène locale, John A. Malm Jr. Devint un fort admirateur. Ils s’étaient rencontrés pendant que Trent jouait dans Exotic Birds, et avait auditionné dans un groupe managé par Malm, il n’avait pas eu le poste mais lui avait donné une cassette de son travail qui l’avait beaucoup impressionné, et l’histoire lui a donné raison.

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