Nin-FranceBiographie

L'histoire de Nine Inch Nails

Index
<=#4.=> Construction d'une jolie machine de haine -1989

      Reznor sorti de ces mois de travail et d'isolation avec une cassette démo de 3 chansons qui montrait à quel point sa vision artistique ainsi que ses aptitudes techniques avaient progressé, et comment ses deux éléments se complétait l'un l'autre. Reznor avait de plus adopté officiellement le nom Nine Inch Nails pour désigner son nouveau projet. Beaucoup de théories de fans pour expliquer la signification de ce nom sont apparues depuis - les clous utilisés pour crucifier Jésus qui mesurait neufs pouces ou que les clous de neuf pouces étaient utilisés pour fermer les cercueils ou encore que la statue de la liberté avait des ongles de cette longueur - la véritable raison est moins passionnante, si l'on en croit ce qu'en a dit Trent : "Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de penser à un nom de groupe, mais normalement, quand vous pensez en avoir un très bon, vous le regardez le lendemain et il a l'air stupide J'en avais environ deux cents comme ça. Nine Inch Nails a terminé seul les deux semaines de test. Il avait l'air bien écrit, et pouvait s'abréger facilement. Ca n'a aucun sens littéraire. Ca avait l'air effrayant. C'est une malédiction de trouver un nom de groupe. (Axcess)"

      Les ambitions de carrière originales de Trent étaient assez modestes. "Au tout début, pendant l'été 88, nous allions juste sortir un 12" sur un label européen et voir ce qui se passerait. Un an ou deux après, nous avions une meilleure idée de ce que le groupe allait être, nous aurions approcher un plus gros label. A l'époque je ne savais pas, Nine Inch Nails, c'était trois chansons. Je ne savais pas quelle direction ca allait prendre. Je ne voulais pas avoir affaire avec un label qui m'aurait dit 'OK on adoucit là et là, pour en faire de la pop ou n'importe quoi'." Mais les choses sont allés plus vite que quiconque aurait pu le prévoir. Les démos de Trent étaient assez impressionnante pour que John Malm Jr., qui entre temps était devenu le manager officiel de Trent, reçoive huit réponses positives sur les dix labels auquel il avait envoyé une copie.

      A la fin de 1988, Nine Inch Nails était le sujet de beaucoup d'intérêt de la part d'un certain nombre de labels, incluant Wax Trax! et Nettwerk, les deux plus gros labels sur le créneau de la musique industrielle et qui abritaient respectivement Ministry et Skinny Puppy. Pendant ce temps Trent avait écrit d'autres chansons et avait commencé à expérimenter le live, avec une pré version du groupe avec seulement Chris Vrenna à la batterie, dans quelques shows sur la côte est des Etats-Unis avec même quelques premières parties pour Skinny Puppy, ainsi qu'un show d'Halloween à la Irving Plaza de New York. The NIN hotline
      C'est durant ce show qu'il fut approché par TVT Records, un petit label de New York qui s'était déjà expérimenté au rock alternatif avec un succès mitigé, et qui venait d'empocher son premier pactole avec une compilation de vieux génériques TV. Le fondateur et le propriétaire du label était Steve Gottlieb, un avocat entreprenant qui avait déjà acquis une réputation d'entrepreneur malin et de personne vive et exigeante. Le label de Gottlieb avait aussi la réputation de signer les artistes pour de longues durées. Gottlieb qui était donc à la Irving Plaza ce soir là, dit du spectacle : "Trent et quelques autres personnes jouaient avec une cassette. Il a donné une représentation qui était juste à vous faire froid dans le dos, et c'était clair que ce n'était pas seulement un génie de la musique, mais aussi une star." A propos des démos, il rajouta : "Elles allaient dans une direction vraiment différente de celle de l'album. Elles n'étaient pas aussi sombres. C'était déjà génial mais il l'a amené à un autre niveau."

      Une fois signé sur TVT, Reznor devait se transformer en un album cohérent. Dans ce but, TVT n'engagea pas moins de quatre producteurs proéminents : John Fryer, qui avait travaillé avec les Cocteau Twins et Love And Rockets ; Flood, qui a longtemps travaillé avec Depeche Mode, Erasure et Nirvana ; ainsi que Adrian Sherwood et Keith Leblanc. Le plan de réalisation de l'album étant le suivant : après avoir travaillé seul dans son studio de Cleveland, Trent est parti travailler avec Flood dans le studio Stigma Sound de Boston, avant de partir pour Londres pour finir l'album avec Fryer.

      Le fait d'avoir quatre producteurs a permit à Trent de disposer d'un immense réservoir de talent, mais cela posait aussi des problèmes d'organisation et de logistique ce qui a compliqué la création de l'album. Trent voulait à l'origine que ce soit Flood qui s'occupe de produire tout l'album, mais ces engagements envers Depeche Mode l'en empêchait. "J'aime Flood car c'est l'opposé de Sherwood. Il est très transparent. On ne peut pas dire 'Hé ça sonne comme du Flood'…Flood est le type de producteur qui dit 'Je me moque de la notoriété du groupe avec qui je travaille. Je me moque de l'argent' ce qui était cool car nous avions un budget assez serré pour travailler". C'est aussi lors de son association avec Flood que Trent a pu goûter pour la première fois à la célébrité : lors d'une fête pour célébrer la sortie du documentaire 101 de Depeche Mode à New York, et alors qu'il était avec les membres du groupe Depeche Mode, deux gamins le reconnurent pour l'avoir vu lors d'un de ces premiers spectacles l'année précédente…

      La collaboration avec John Fryer fut plus difficile : "nous avions un mois en Angleterre pour faire tout l'album, et Fryer ne travaillait pas les week-ends car c'était un 'gars normal'. Donc dès la deuxième semaine je détestais les week-ends. Je ne connaissais personne en Angleterre, et je ne suis pas le genre de type qui pourrait aller dans un club dans un autre pays par moi-même. Je commençais à devenir fou en pensant 'Bien encore deux jours de plus à ne rien faire.''(Spin)"

      Keith Leblanc fut embauché pour refaire certains mixes de John Fryer après à New York : "je n'aimais pas vraiment certains remixes que Fryer avait fait, donc j'ai du rajouter un nouveau studio et un nouveau son sur la liste." De cette expérience de multi-producteurs, Trent garde un souvenir assez pénible : "travailler avec autant de personnes, c'est tourner en rond, c'est bien d'avoir des idées de personnes que tu respectes, mais quand tu ne peux pas te regarder les yeux dans les yeux, ça fait plus des histoires qu'autre chose". De plus le travail n'était pas terminé : une fois les dix chansons terminées, c'était le travail de Reznor de transformer ces chansons disparates en un album cohérent. "Ca a été un putain de surplus de travail car je ne voulais pas que ça ressemble à dix chansons venants de dix producteurs différents et de dix pays et studios différents. Chris Vrenna m'a aidé à éditer quinze versions de chaque chanson puis à les mettre ensemble pour que le disque s'enchaîne bien."

Halo2: Pretty Hate Machine
Halo2: Pretty Hate Machine
     Même si l'album portait le nom des quatre producteurs dans ces crédits, l'album serrait décrit comme écrit, chanté, joué, arrangé et programmé entièrement par Trent Reznor, une recette qu'il réemploiera avec succès dans le futur : "La façon dont j'écris, c'est qu'il n'y ait personne pour me donner des idées. Ce n'est pas le concept normal d'un groupe, où tu as le guitariste et le bassiste etc.… J'ai approché ca en connaissant mes outils et mes limitations. Je suis un joueur de guitare de merde mais c'est mon style et c'est comme ça que ca doit être. Même chose pour la basse et tout le reste. Les voix étaient faites en une seule prise. J'ai essayé de créer une émotion minime." De plus, comme dans ses premières démos, Reznor croyait dur aux samplers et aux boites à rythmes, ajouté avec des explosions de guitares électriques. "Pretty Hate Machine a été enregistré sur un vieux Mac de l'école, qui coûtait à peu près trois cents dollars, un programme de sequencing et un sampler que tu peux acheter dans le journal pour environ trois cents dollars de plus. Un sampler, je pense, est le truc le plus cool, car tout ce que tu entends peut devenir n'importe quoi d'autre. Si tu veux une batterie qui serrait une porte qui claque, tu le fais. Tout le monde a ses boîtes avec tous les sons du monde préenregistrés. C'est bien pour les arrangements, mais c'est tellement générique. (plazm)"
      Reznor a clamé que TVT avait détesté l'album terminé. "Je suis revenu aux Etats-Unis, et le label m'a dit 'hé, ce disque c'est de la merde.'(spin)". De toutes façons, une réponse positive de TVT à Pretty Hate Machine aurait été un présage déroutant pour l'avenir. "Il y avait beaucoup de tensions - des différences créatives, en plus d'autres choses". De plus le fait que le remix d'Adrian Sherwood de Down in it fut mit à la place de celui choisit par Reznor ( plus émotionnel, moins linéaire) sur l'album par TVT n'arrangea pas les choses. Cependant la réponse du public au maxi single down in it qui en contenant trois versions, fut en contradiction avec celle de TVT car le single atteignit la première place aux classement dance de Rolling Stones et il fut classé dans le Billboard 20 club charts.

      Cependant, malgré son processus de création en plusieurs parties, Pretty Hate Machine est un album remarquablement cohérent, combinant une grande innovation sonique ainsi qu'un investissement personnel dans les paroles. "Pretty Hate Machine était à propos d'une juxtaposition d'imperfections humaines avec des arrangements très rigides, stériles et froids. Tu ne peux pas avoir des paroles glaciales sur de la musique glaciale. Si la musique est très pointue, rajoutes-y des voix moins parfaites, ca ramène au combat homme - machine (Spin)"

       La plupart des chansons de Pretty Hate Machine sont en rapport avec la frustration et la rage. On découvre même un thème à plusieurs chansons, sur Sin, The Only Time et Something I Can Never Have principalement, le thème de l'autodestruction.

      Cependant une chanson comme Terrible Lie se situe à un autre niveau, car cette fois-ci, ce n'est plus lui-même que Trent rend coupable, mais Dieu lui-même. "Je crois en Dieu. On ma élevé en m'emmenant à l'église et au catéchisme le dimanche, mais ca ne voulait pas dire grand chose. Ca me dérangeait tellement. C'est juste le thème sur lequel je continue de revenir - la religion la culpabilité et le doute. Je crois en Dieu, mais je ne suis pas sur qu'il soit d'un quelconque intérêt. (Spin)" "Il y a juste un certain nombre de choses qui ne sont pas justes, comme cette putain d'hypocrisie de religion organisée. Je ne peux pas comprendre comment ces gens peuvent croire si aveuglément tout ce qu'on leur sert. Qu'elles y croient tellement fort, qu'elles ne voient pas d'autre chemin possible. 'Soit un bon garçon et tu iras au paradis'. Si ça marche pour vous, tant mieux, mais ça ne marche pas pour moi et ça me fait chier car j'aurais aimé que ça le puisse.(Alternative Press)"

      Une autre chanson, qui a souvent été à tort interprétée comme une chanson sur des obsessions sexuelles, Sanctified est en fait "à propos d'une relation avec une pipe de cocaïne. Je savais que ca pouvait être interprété comme une relation avec une femme, mais c'était plus à propos de dépendance." Quant on lui demanda à quel point la chanson est autobiographique, Reznor répondit : "C'est en partie la réalité, et en partie de la fiction. J'ai remédié à cette situation. Je ne prends pas beaucoup de drogues, parce que je ne les supporte pas bien. Mais je connais des personnes qui peuvent les supporter très bien, aussi bien que l'on puisse supporter la drogue."

      Avec sa popularité grandissante, arriva la première vague de tentatives pour qualifier la musique sombre de Reznor. " Des qualificatifs comme "rock déprimé"," techno pop psychotique" ou "dirigé par la rage", ça n'est que des conneries."
      "Les gens me voient comme si j'étais à ce point sinistre, le gars qui a tout le temps un nœud coulant autour du cou. Ce n'est pas le cas du tout. Je ne suis pas non plus le gars le plus heureux de la planète. Je ne sais pas pourquoi. Je ne peux pas dire 'C'est parce que quelqu'un m'a volé mon vélo.' C'est quelque chose de personnel. Je vois beaucoup de personnes qui m'analysent qui me demandent si j'ai eu une vie sexuelle tourmentée, qui me questionnent sur ma vie personnelle… Mais ce n'est pas ça. Je n'ai jamais été la personne la plus heureuse. Les dernières années ont juste été un peu plus sombres que les autres… Non je ne suis pas M. Tristesse et il m'arrive de sourire. Il y a juste une partie de moi qui est apparue récemment ou alors j'ai apprit à accepter, qui fut la plus grande inspiration pour ces chansons. C'est ce que j'ai trouvé qui pourrait l'exprimer le mieux (Spin)"

      Même à cette époque, Trent cherchait à tout prit à se démarquer de l'étiquette "industrielle". "Je veux dépasser cette étiquette industrielle d'une musique grondante et chantant Satan. Ce n'est pas Nine Inch Nails. J'essaie de juxtaposer des aspects de la vie avec une approche musicale qui ne devrait pas coller avec normalement. Vous ne deviez pas entendre Ministry faire ce que je fais. Je ne cherche pas non plus à suivre le chemin tracé par Skinny Puppy, en grognant que le monde est nul. Ce n'est pas à propos de politique ou de grandes phrases. C'est plus de l'introspection. La déchéance interne semble être ma motivation pour le moment."

      Un élément clé qui différencie la musique de NIN de la musique industrielle est l'accessibilité des chansons de Reznor : "Une chose qui différencie NIN est que même si j'essaie de ne pas en faire, je finis toujours par avoir une chanson pop. Bien sûr, je ne vois pas ça du même point de vue que les autres, je ne dis pas que ma méthode est meilleure, elle est juste différente. Ce que je fais, c'est prendre une chanson et l'arranger. Au lieu de construire une mélodie et de chanter dessus."
 


Halo3: Head like an hole
      Pourtant, la musique de Nine Inch Nails était, en considérant les critères de musique standard, radicalement et définitivement anti-commerciale. Mais elle reçut tout de suite un accueil favorable des jeunes fans de musique, et malgré tous les efforts de Reznor pour ne pas porter l'étiquette indus, Pretty Hate Machine fut rapidement proclamé par la critique comme un album de référence de ce genre de musique. Le très prenant Head Like A Hole, choisit par TVT pour être le second single de l'album, eu une assez grande influence sur la musique, ce qui ferra qu'il serra souvent cité comme l'équivalent dance-industriel de Smell Like Teen Spirit (qui n'était pas encore sorti à cette époque là. Pretty Hate Machine fut le premier album "industriel" a dépasser le cap du million de ventes certifiées.

Halo3 UK Version

      Malgré cette impressionnante performance commerciale, Reznor continua à maintenir qu'il voyait que le succès commercial de son groupe serrait vite limité. "Je n'ai aucun problème avec le succès commercial, tant que je fais ce que j'ai envie de faire. Je veux que les gens l'aiment aussi, mais je ne vais pas aller jusqu'à sortir de la musique de merde, orientée radio pou faire dire aux gens "Oh, j'aime ça". Si je peux plaire aux oreilles de ceux qui écoutent la radio, c'est bien. S'ils n'aiment pas, c'est pas ça qui va me faire de la musique de merde. Sur le prochain album, il y aura peut-être une chanson qu'ils joueront sur les radios de rock modernes. Mais peut-être pas. Je ne sais pas, ca dépendra de moi."

      Le single Down In It fut accompagné par une vidéo - produite par le groupe de Chicago H-Gun, qui avait déjà fait des clips pour Ministry et pour the Revolting Cocks. Le clip se montra être un présage de la façon qu'on les clips de NIN a attirer la controverse. Pendant le tournage, une caméra attachée à un ballon d'hélium qui devait servir à avoir une vue de dessus de Trent faisant le mort, se détache et flotta au loin. L'histoire dit que la caméra fut retrouvée par un fermier. Il l'amena à la police qui votant des images de Trent apparemment mort, appelèrent le FBI pour mener une enquête sur ce prétendu "snuff movie".

      Après tous ces troubles, La vidéo terminée fut refusée par MTV, du moins jusqu'à tous les plans de Trent mort soient enlevés - ce qui irrita fort Reznor. "Notre vidéo fut éditée car je suis étendue mort à la fin de celle-ci. Je peux voir ça dans n'importe quel soap opéra au milieu de la journée. Ce n'est pas aussi morbide que si on me voyait tombé d'un immeuble ou transpercé par des balles. Je suis juste étendu à terre. Mais ça implique le suicide, et on ne peut pas avoir ça sur MTV. Mais on peut voir les fesses nues de Cher."

      Une autre chose qui fut difficile en vue des controverses pour Trent, fut d'expliquer à ses chers grands-parents sa nouvelle célébrité : "j'ai essayé de leur dire, 'Vous ne m'entendrez pas à la radio, je ne serrais pas dans des séries TV à chanter ça.' Je ne peux pas imaginer mon grand-père dire aux gens 'Ca s'appelle Nine Inch Nails, voilà la vidéo. Et là il gît mort.' J'ai averti mon grand-père que l'église pouvait être contre lui."

<=#4.=>