L'histoire de Nine Inch Nails |
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Avant d’être signé par TVT, Nine Inch Nails
était presque exclusivement un projet studio, et surtout un projet
studio pour un seul homme. Ainsi quand Trent a été mit face
à face avec le dilemme de retranscrire Pretty Hate Machine
en une performance live normale, il était normal qu’il soit intimidé:
"Quand j’ai fait ça avec Pretty Hate
Machine, je me suis dit ‘putain de merde, comment est ce que je vais
pouvoir jouer ça en live ? Je savais que je ne voulais pas
faire comme Nitzer Ebb, seulement deux gars qui tapent sur un clavier.
J’aime la musique électronique, et je déteste ce genre de
choses. Je ne veux pas non plus que l’enregistrement ce soit un gars avec
un synthétiseur ou avoir un groupe derrière comme David
Bowie, quinze personnes et une section de cuivres. J’utilise l’électronique
parce que j’en ai envie, pas comme un compromis pour autre chose. (Spin)"
" Je ne voulais pas partir en
tournée tout seul, parce que ca aurait été nul. Et
je ne voulais pas que tout soit préenregistré ou séquencé.
L’idée d’avoir un groupe qui jouerait tout ça live était
intéressante, mais je me suis dit, ‘est-ce que cette musique marchera
aussi bien avec les gens si elle est jouée live que lorsqu’elle
est jouée par un ordinateur ?’ C’était un choix de prendre
des ordinateurs en premier lieu. Je préfère le son qu’ils
font par rapport à celui que font les gens dans certains cas. J’essayais
de garder la juste mesure entre ce qui devait être joué live
et ce qui devait être séquencé, tout en essayent de
garder l’esprit électronique. (Alternative Press)"
Le projet original de Trent était d’aller en Angleterre pour auditionner des membres pour un groupe live. Il a même considéré aller s’implanter là bas définitivement pour s’éloigner de la scène provinciale de Cleveland, qu’il voyait tellement petite. Il passa quelques petites annonces dans les hebdomadaires anglais de musique et reçu environ une centaine de réponses. Finalement, il se dit qu’il valait mieux rentrer à Cleveland, pour embaucher de jeunes musiciens inexpérimentés, pour les "modeler en ce que je voulais qu’ils soient, à la place d’avoir de grands musiciens renommés qui arriveraient avec une attitude du genre ‘Ca devrait être comme ça.’ "
Les joueurs locaux qu’il choisit pour transformer Pretty
Hate Machine en un concert furent son vieil ami Chris Vrenna
à la batterie, Richard Patrick à la guitare et Nick
Rushe (avec qui Trent avait déjà travaillé dans
le groupe Exotic Birds) au clavier ; Rushe fut vite remplacé
par David Haymes, puis par Lee Mars:"
Je ne suis pas en position d’offrir un millier de dollars par semaine
pour jouer " disait Reznor à cette époque "donc
je prends des gars jeunes et malléables, qui feraient basiquement
ce que je leur demandais de faire mais qui après pourraient développer.
La seule façon dont j’ai travaillé avec eux c’est, ‘Voilà
vos les chansons, voilà vos partitions, apprenez-les’. Quand je
commencerais le prochain disque, ils ne sauront pas ce qui se passe. Je
ne vois pas le groupe devenir une démocratie, jamais. "
" Ce n’est pas un groupe. Ce
n’est pas : ‘ voilà une idée de chanson, travaillons tous
dessus.’ J’espère qu’un jour ca aboutira à une sorte de collaboration,
mais ça n’en est pas une en ce moment. Basiquement, c’est, si tu
n’aimes pas ce que tu joues, viens avec quelque chose de mieux. Si je l’aime,
tu peux le jouer, sinon, tu joues ce que je te dis de jouer. Ce n’est pas
pour être un tyran, mais j’ai une idée de comment les choses
doivent marcher, et c’est dur quand on est pas sur de la direction que
l’on suit. Si c’est nul, il n’y a que moi à blâmer. Certaines
personnes confondent ça avec de l’égoïsme. "
Le mélange d’enregistrement live avec des sons
préenregistrés et des séquences rythmiques révélèrent
de nouveaux aspects de la musique de Trent: " Pour
mon plus grand plaisir, après quelques semaines de tournées,
ça commençait vraiment à bien marcher. Les chansons
prenaient une nouvelle forme (Spin) "
La force et la confiance grandissante du groupe – ainsi
que d’un Trent maintenant avec des dreadlocks et les tempes rasées
– grandirent encore plus par le fait que les groupes pour lesquelles ils
faisaient des premières parties n’étaient pas très
comparables au niveau intensité du spectacle. NIN fut ainsi la première
partie du groupe anglais The Jesus and Mary Chain entre janvier
et Mars 1990, avant d’accompagner l’ancien leader du groupe goth Bauhaus,
Peter Murphy. Les spectacles de Nine Inch Nails devinrent vite terrifiants,
avec Trent Reznor -maquillé en noir et habillé tout en cuir
– qui attaqué les autres membres du groupe et détruisait
des instruments dans une chorégraphie furieuse qui tranchait avec
la rigidité des sons de machines. Et comme pour l’enregistrement
de Pretty Hate Machine, l’évolution de la performance live
du groupe fut une suite d’essais et d’erreurs: "
Des fois, on essayait de jouer sérieusement en se concentrant
sur la meilleure façon de rendre ce qu’on voulait qui sorte de nos
instruments, Alors que d’autres fois, on ne pouvait pratiquement plus tenir
debout tellement on était saoul, on foutait en l’air chaque chanson
en oubliant les paroles et je m’assommais accidentellement sur les batteries
ou un clavier et ça y est, nous étions le meilleur groupe
qu’ils aient jamais vu. "
" Nos spectacles étaient
assez orientés vers la colère, où plutôt orienté
vers de la frustration sexuelle au lieu de ‘Nous allons faire le maximum
pour votre plaisir à tous ici.’ ‘Allez vous faire foutre, aimez
notre musique ou nous allons vous balancer de la bière dessus en
vous insultant’ Quand vous faîtes ça, ils vous aiment plus
et cela fait que vous avez moins de respect pour eux. Ca vous change en
quelqu’un d’autre. C’est bizarre. "
La tournée avec The Jesus and Mary Chain se
passe plutôt bien, mais la tournée avec Murphy fut
un peu plus tendue: "nous jouions dans des théâtres
et des auditoriums, le genre d’endroit où on ne peut pas boire et
ou il y à des gars étranges remplis de stéroïdes
qui vous frapperaient juste parce que vous avez parlé. C’était
le pire endroit où on aurait pu être. La scène était
très petite pour nous parce qu’il y avait des batteries relevés
et des lumières juste derrière l’endroit où je me
tenais. A moins de ne pas bouger, j’avais de grandes chances de me les
prendre en pleine tête. Un soir où on était à
Atlanta – une ville que je déteste de toutes façons – nous
étions sur scène et il y avait une pizza à moitié
mangée qui restait là des essais sons. J’étais complètement
bourré et j’ai prit cette pizza et je me suis mit à la balancer
dans le public. J’ai eu une grande sensation en touchant tous ces death
rockers en pleine tête avec de la pizza froide, il y avait aussi
des boites de maïs qu’on leur aussi envoyé dessus. Puis j’ai
cassé une guitare, j’ai balancé la batterie à terre
et j’ai quitté la scène. Et c’est pour ça que la foule
nous a aimé. Oubliez la musique, tant qu’on abuse d’eux, c’était
ça le truc. Nous avons vendu lus de T-shirts que Peter Murphy
ce soir là. "
" Dès que j’ai descendu
les escaliers, je me suis fait par le manager de la tournée qui
criait ‘Qu’est ce que vous foutez ? Nous allons vous virer de cette tournée
!’ Et j’ai répondu ’Quel est le problème ? Jetez-nous, je
peux rester encore quelques semaines.’ Ainsi personne n’était plus
ami avec nous et on ne nous parla plus pendant les deux dernières
semaines de la tournée. (Alternative Press) "
Durant l’été 1990, Nine Inch Nails avait un public assez dévoué – et une performance live assez excitante – pour justifier d’être la tête d’affiche d’une tournée de grands clubs américains. En première partie, ils choisirent le groupe Industriel anglais Meat Beat Manifesto, un des groupes favoris de Reznor. En même temps, Il continuait de développer son charisme sur scène: " C’est cette énergie étrange qui me pousse quand on est sur scène. Il y a une certaine connexion qui commence à s’établir entre nous. (Spin) "
Quelques années plus tard, Trent regardera cette
période avec une plus grande expérience : "
Je me rappelle quand nous avons commencé, nous étions
la première partie d’autres groupes, personne ne savait qui on était,
MTV n’avait rien à foutre de nous et la même chose pour les
radios. Je me rappelle la première fois que j’ai regardé
la foule et que j’en ai vu qui chantait les paroles en même temps
que moi et c’est comme s’ils les comprenaient. Le fait que quelqu’un puisse
se relater à une partie de vous, dans un moment si intime, ca m’a
soufflé. "
Une tournée, dit il, fut aussi une révélation
d’un autre point de vue : " Ce fut la première
fois que j’ai avoué à un autre homme que je me masturbais
encore, on se sentait tous libéré, et on arrive au moment
où… tu es dans une pièce avec un gars et là tu dois
te masturber et il n’y a avait pas de problème. C’était ‘écoute,
je vais me branler. Ca peut prendre quinze minutes, ca peut prendre une
heure. Prends les messages’. "