Nin-FranceBiographie

L'histoire de Nine Inch Nails

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<=#8.=> Nin versus TVT, Interscope, Broken -1991,92

La sortie de Broken fut houleuse puisque les problèmes entre TVT et Reznor, l’ont obligé à changer de label.

Reznor a toujours soutenu que TVT détestait Pretty Hate Machine, et n’avait donné qu’une petite attention à NIN que jusqu’à ce que ses ventes s’envolent, et que Steve Gottlieb a tenté de pousser le groupe vers une direction plus commerciale que celle que désirait Reznor. Plus tard il a assuré que le label a constamment mal représenté ses intentions artistiques avec des pubs et pochettes presque inappropriées. Aussi il y a eu des disputes sur les vidéos, les singles et les tournées, il prétend devoir toujours recevoir des royalties du label.

Ce fut pendant la tournée Lollapalooza que la guerre a éclaté, Trent refusait de communiquer avec le label, et lançait des accusations hostiles dans les interviews.

En plus de nier les accusations de Reznor, Gottlieb suggère que ces problèmes puissent venir de personnes particulières impliquées dans la carrière de Trent, et de sa naturelle antipathie envers l’autorité: " Trent était suivi d’un manager et d’un avocat qui lui permettaient de n’avoir que de petits contacts directs avec TVT. Son manager ne nous a jamais permis d’être seul avec Trent. Non pas que ce ne soit jamais arrivé, mais c’était rare, et ca n’a pas été en s’arrangeant, progressivement, tout passait par des intermédiaires. La seule lettre que j’ai reçue de lui était une lettre de dix pages expliquant les chansons et paroles de Pretty Hate Machine, ses rêves et ambitions. Il l’a signé ‘Votre cheque de paie’."

Même si Gottlieb admet une dispute sur l’achat de matériel d’enregistrement, qu’il attribut à un simple problème d’incompréhension, il nie les problèmes sur les tournées et les royalties: " Il N’y a pas eu de disputes sur les royalties, il a fait une étude, et on a trouvé qu’il avait été surpayé. Son principal problème venant de Head Like A Hole qui avait été vendu comme un EP, et il voulait qu’il soit traité en temps qu’album, et toucher les royalties d’un album, alors qu’il le savait depuis le début. "

Alors qu’il admet avoir essayé de convaincre Reznor de plus mettre en valeur le logo NIN sur la pochette de Pretty Hate Machine, il nie fortement avoir mal représenté sa vision artistique avec des pubs et pochettes inapropriées:  " Il avait le contrôle, cet artiste a crée les pochettes des albums et singles, tout le packaging à été crée par une seule personne: Reznor. On a fait beaucoup d’étapes parce que l’on savait qu’il allait devenir une superstar. Nous savions que tout devait être documenté, parce qu’ à un moment, Trent voudrait y revenir et savoir où l’argent avait été dépensé. Par exemple, on voulait être sûr que son manager gardait les traces des dépenses sur les tournées. Le management a vraiment objecté, alors que l’on essayait vraiment de faire quelque chose pour le protéger. "

Ces disputes ont réellement affecté Reznor: " J’ai quasiment eu une dépression nerveuse. Aussi cool que soit NIN, ils ont vraiment tout fait pour me réprimer artistiquement. Il n’y avait aucun moyen que je puisse faire un autre album. Personne ne peut réaliser combien je suis concerné sur comment NIN apparaît, en termes de pochettes. Quand tu es lié à une compagnie qui fait tout pour te pousser dans une autre direction, tout devient de grandes disputes. Si vous m’aviez demandé avant Pretty Hate Machine quel était mon idéal de carrière, j’aurais répondu 3 ou 4 disques et un disque d’or. J’aurais choisi les carrières de The Cure ou Depeche Mode, ils sont restés sur leurs idées, et leur public a continué à grossir. Quand le premier album est sorti, TVT m’ont dit qu’il était nul et que ce serait un miracle si on en vendait 20000. "

Gottlieb nie: " Je pense qu’il faut que ce soit clair, on adorait cet album et on s’est battu pour lui. Faire connaître NIN ne fut pas simple. On a commencé la plus large campagne qu’une compagnie indépendante n’a jamais pu faire autour d’un artiste. Je voulais personnellement aller voir MTV et les éditeurs de magazines et leur dire: ‘Si vous ne jouez pas cet artiste, c’est que vous ne savez rien de la musique actuelle.’ J’ai mis mon nom et celui de ma compagnie sur le devant. Après 6 ou 8 mois de marketing, on avait vendu 20000 unités et atteint le top 10 des charts alternatif, le top 10 des charts des lycées, et on avait un single dance dans le top 10. Pour un début de ce qui était considéré comme un artiste industriel, c’était un succès. Beaucoup de label aurait dit ‘C’est bien, sortons un autre album.’ Mais on a baissé la tête et continuer de le promouvoir sur les 3 années suivantes. Pendant ce temps, Trent a joué à Lollapalooza, son disque avait déjà dépassé Ministry et était la plus grande vente de disque industriel. Il avait déjà vendu 350000 copies, ce qui, avant que Nirvana n’amène la musique alternative aux masses, était excellent. J’ai rendu l’équipe folle, en les faisant appeler les mêmes personnes encore et encore. J’ai dépensé de l’argent que l’on était sûr de ne jamais revoir, pour lui construire une image. On s’est dévoué à lui construire une scène. Nous n’avons pas fait que des vidéos habituelles, mais aussi des vidéos extended. Nous avons fait des spots TV nationaux et d’autres centaines d’idées de marketing, rien que pour lui créer une carrière, au lieu de demander un autre album. Nous nous sommes vraiment acquittés de notre rôle. " Trent live
Ses expériences avec TVT ont augmenté le pessimisme de Reznor sur l’industrie musicale: " Ca m’a montré le coté obscur du music business. J’ai réalisé que c’était juste un grand système d’esclavage, et je suis un clou dans une roue de la machinerie. Le but n’est pas l’art mais a vente, et comment manipuler un public pour aimer ceci ou cela. J’ai réalisé que le prochain album de NIN ne pourrait bien jamais sortir. "

Pendant ces batailles avec son label, Trent commence sa publicité pour annoncer qu’il allait arrêter d’enregistrer, qu’il préférait se retirer plutôt que de faire un autre disque pour Steve Gottlieb: " J’avais déjà écrit la moitié du prochain album, il était prêt à partir, mais on avait tellement de problêmes avec TVT qu’un procès géant était sur le point de se lancer. Je ne pouvais pas mettre tel mot dans une chanson pour qu’il passe à la radio, je ne pouvais pas choisir mon producteur pour la prochaine vidéo, et je ne pouvais pas accepter. "

Gottlieb dément avoir interféré la créativité de Reznor, et il est fier de la contribution de TVT à Pretty Hate Machine: " Nous étions exceptionnellement excités par lui en tant qu’artiste, et lui avons donné la chance de faire le plus coûteux premier album dans ce genre musical. On lui a laissé la liberté de création, de travailler avec les producteurs qu’ils voulaient dans les studios qu’il voulait. Des gens ont dit que Trent avait fourni un album finit, et que l’on s’était contenté de le presser et le vendre. Nous étions bien plus impliqués que ca. Je l’ai personnellement envoyé en Angleterre pour l’aider à travailler, il n’avait jamais voyagé auparavant. Je l’ai envoyé à Boston et fait rencontrer Flood. Nous sommes fiers de notre contribution. "

De toute manière, il était clair que Reznor en avait marre: " Quand j’ai arreté de tourner pour Pretty Hate Machine et Lollapalooza, je n’ai pas écrit une note de musique, et je n’étais pas sûr que je voulais continuer à le faire, pour être honnête. (Musician) "

Avec les relations entre TVT et Reznor définitivement détruites et la menace d’un long et coûteux procès, l’enregistrement pour NIN était impossible. Légalement impossible de faire un album pour quelqu’un d’autre, et refusant de le faire pour TVT.

Heureusement, les ventes de platine de l’album, et ses performances ont fait de Nine Inch Nails une forte valeur commerciale, mais s’il devait aller sur un autre label, la décision de qui et comment ne lui appartenait pas forcement. La situation fut résolue quand Interscope, un jeune label distribué par WEA, et qui avait déjà à son actif des gros succès tels que Marky Mark et Gerardo, est entré dans la scène: " On a été vendu presque comme des esclaves. Ca ne venait pas de moi, je ne savais rien d’Interscope. Et ca m’a fait chier, parce que l’on passait d’une situation mauvaise à une autre, potentiellement. Mais Interscope ont agit comme s’ils savaient vraiment ce que je voulais. "

D’après Gottlieb: " Face à une relation imparfaite, nous avions plusieurs choix. On pouvait faire un procès, que l’on savait gagner. Où l’on pouvait vendre aux enchères nos droits et obtenir le maximum d’argent. Les deux solutions étaient mauvaises pour la carrière de l’artiste, car on savait qu’ il avait besoin d’attention. On savait que Trent allait refuser le deal avec Interscope, alors on a fait un deal où l’on acceptait de rester complètement à coté, et que si Trent ne voulait plus jamais me parler, il le ferait. Là, il pourrait agir librement, on sentait que ca allait lui plaire, et cela lui a plu... Mais ca a pris du temps, Trent n’a pas voulu parler à Interscope pendant six mois, et ca lui a pris un an avant d’accepter notre idée. Nous avons agit de bonne fois et je pense que nous avons fait du bon boulot pour Trent, non seulement pour l’avoir aider à sortir Pretty Hate Machine et les singles, mais aussi en le pressentant à un marché, et l’avoir lancé en tant que star. "

Avec les nouveaux arrangements, Interscope s’occupera du marketing, de la promotion et de la distribution, et TVT recevra un pourcentage sur les futurs ventes de NIN. Ils décideront aussi de financer les projets hors contrat de NIN tels Nothing Records.

" Je peux vivre avec TVT gardant une partie de mes revenus, tant que ca m’est caché, et que je n’ai pas a traiter avec eux, ca me dégoûte, ca me rend malade de savoir qu’ils continuent de gagner de l’argent grâce à moi, mais tant que je ne les vois plus...(Axcess) "
 

Halo 5: Broken
Halo5: Broken
En cachette, sans que personne ne le sache, Reznor et Flood ont enregistré aux studios de South Beach, Miami, un nouveau disque qui deviendra le premier NIN sortant chez Interscope, Broken: " Flood et moi avons du enregistrer Broken sous un nom de groupe different, parce que si TVT avaient trouvé que nous étions en train d’enregistrer, ils auraient pu tout confisquer et le sortir. (Spin) "

Malgré que le reste du groupe live n’ait pas participé à l’enregistrement, Broken se rapproche bien des intentions de Reznor de rapprocher le son de NIN avec l’esprit de violence des concerts. En fait, le disque a envoyé NIN dans une nouvelle ère de brutalité, bruyant, un mur de son très basé sur la guitare, véhicule parfait pour les paroles de haine, misère et désespoir, des nouvelles compositions. Les paroles de chansons telles que Wish et Gave up et la pièce maîtresse de l’album Happiness in slavery sont inspirées en partie de romances néfastes, et largement de la haine vouée à Steve Gottlieb, qu’il considère comme ayant presque détruit sa carrière: " Sur un niveau personnel, je sortais d’une très étrange relation, je suis vraiment tombé amoureux avec quelqu’un, et on a vécu ensemble de 6 à 8 mois. Et c’est devenu de pire en pire. De plus, je n’avais pas parlé à TVT depuis Lollapalooza. J’avais été clair sur le fait que je ne ferais pas de nouvel album chez eux, mais ils avaient clairement dit qu’ils n’étaient pas près à vendre. Je me sentais comme ayant réussi à obtenir ce que je voulais, puis que c’était mort. Ma vie entière était devenue ma carrière. Et j’ai été confronté au fait que ma carrière pourrait facilement être détruite parce que les gens qui la contrôlaient, étaient des putains de connards. C’est un sentiment horrible. D’une main, j’avais un album de platine, et de l’autre je pensais que c’était fini. J’avais entendu que le litige pourrait durer 2 mois. C’est de là que provient la rage de Broken. Pretty Hate Machine avait été écrit du point de vue d’une personne qui sent que le monde pouvait puer, mais qui s’aime elle-même en tant que personne, et qui peut se battre pour s’en sortir. Broken a introduit le concept de l’auto-répugnance, qui n’est pas un sujet très populaire, surtout dans une chanson. (Spin)"

Les sons plus extrêmes de Broken suivent le coté extrême des live shows, qui dépassaient vraiment les rythmes dance conventionnels de Pretty Hate Machine: " Lorsque nous avons joué en live les chansons, elles ont muté, elles sont devenues plus lourdes, et plus orientées rock à cause des guitares et de la batterie. Beaucoup de gens nous ont vus en live et trouvés que nous étions bons, puis ca devenait ‘Bon dieu, j’ai acheté ton album mec, et il pue mec! C’est comme un truc de synthé ou autre...’ après avoir entendu ca tellement de fois, je suis devenu macho, et me suis dit que j’allais faire le disque le plus violent que je pouvais. "

Broken est né des compétences de Reznor à utiliser les toutes dernières technologies pour rendre sa musique encore plus abrasive que possible, aussi bien le son que les paroles: " le point de départ était de faire un disque dense, un disque qui sonne comme si quelqu’un jouait en live, mais que après quelques recherches, il y avait vraiment quelque chose qui n’allait définitivement pas. (Musician) "

Reznor a ensuite expliqué que lui et Flood ont intentionnellement inséré plus d’informations sonores que l’oreille humaine ne pouvait en entendre immédiatement: " Si nous avions eu 48 pistes, nous y aurions enterré 48 riffs, destinés à ne ressortir qu’avec des écoutes répétées. Je voulais être dur, j’essayais tout pris de rester ‘alternatif’ cette connerie de mentalité ‘indé’. Après Lollapalooza, j’ai eu cette mentalité d’élite, tu n’es pas assez cool pour acheter mon disque, n’achète pas mon disque. Je voulais faire un disque ‘Va te faire enculer’. C’était un peu ‘Je ne suis pas un trou du cul, je ne cherche pas à vendre à tout prix’.(Spin) "

En plus de ses 6 chansons principales, Broken possède deux pistes supplémentaires, une reprise NINifiée d’une vieille chanson d’Adam Ant : Physical, et un nouvel enregistrement plus blues rock de Suck, l’ancienne contribution de Trent à l’album de Pigface. Ces deux dernières étaient supposées sortir chez TVT sur un mini disque pour coïncider avec Lollapalooza, mais elles étaient restées unrealised à cause des disputes entre Reznor et son label.

Suivant la version que l’on possède de Broken, les deux bonus tracks peuvent être entendues de différentes manières. Les 250000 premières copies américaines de Broken étaient vendues avec un mini CD supplémentaire contenant les 2 morceaux, alors que le vrai pressage contiendra les deux chansons "cachées" aux numéros 98 et 99, apparaissant 5 minutes après les 6 chansons principales. Quelques éditions vinyle proposaient les chansons supplémentaires sur un single séparé, alors que d’autres mettaient les 6 chansons sur une face, et les 2 autres sur la face B.

Physical inclus au moins une insulte gratuite de Trent à son ex employeur, à un moment on peut l’entendre murmurer " Eat your heart out, Steve. ". On peut entendre aussi, en ralenti, sur le pont, le chien de Reznor qui mord un ingénieur du son, et s’exclame alors " Ahhh... fucker ". La future vidéo de Gave up qui ne sortira qu’en 98 dans la compilation vidéo, montre un écran d’ordinateur sur lequel une piste s’appelle " Fuck you Steve ".

En dépit de son inaccessibilité, Broken sera un hit instantané lors de sa sortie en automne 1992. Il atteint rapidement le top 10 national, et obtient des revues très positives. Le critique Robert Hilburn du Los Angeles Times, très éminent critique, a même appelé Reznor " le plus irrésistible des nouveaux anti-héros du rock ". Il a aussi obtenu un Grammy award pour le morceau Wish, ironiquement dans la catégorie meilleure performance méta: " La meilleure chose à ce propos, c’est que c’est la seule chanson qui n'ait jamais gagné un Grammy avec ‘fist fuck’ dans les paroles. "

En fait, Reznor est étonné qu’un album aussi anti commercial que Broken ait autant de succès:  " Quand j’ai sorti Broken, je pensais que j’allais rendre fou chacun de mes fans, et je pense qu’inconsciemment c’est ce que je voulais tellement j’en avais marre, et pour ca, j’obtiens un Grammy! (Request) "

Le succès commercial de Broken se justifie par la confiance placée en Reznor par Interscope. Apparemment le feeling était mutuel: " Je peux dire qu’Interscope fut très cool, ils m’ont donné l’argent pour faire un disque et m’ont laissé faire. On travaille sans eux et les traite comme un distributeur. Ils montrent du respect pour moi et ce que je fais, et j’apprécie. "

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